Refuge du CAPPA - Pays du Neubourg : vie d'une association en milieu rural
Dans le cadre de notre projet A Companion Animal is For Life, l'action LoveFood vient en aide à des associations et refuges en état d'urgence alimentaire. Le Refuge du Cappa – Pays du Neubourg, dans le département de l'Eure, a ainsi bénéficié d'un don de 451 kg de nourriture Almo Nature en mai 2018. Martine Fouques, présidente de l'association, répond à nos questions.
Pour commencer, quelles sont vos activités ?
Le refuge a vocation d'intervenir pour assurer le sauvetage de chats ou de chiens. Nous avons une structure qui accueille aujourd'hui 70 chats, agréée par la Confédération Nationale Défense de l'Animal.Les chiens sont placés dans des familles d'accueil bénévoles, ainsi que des chats un peu trop sauvages qui ont besoin d'être sociabilisés ou des chatons qui doivent être mis en quarantaine.Nous nous occupons aussi de chats errants que nous stérilisons et identifions, ils deviennent ainsi des chats libres protégés par la loi.Votre refuge est une SPA, mais est distinct de La SPA. Est-ce que vous pouvez expliquer la différence ?
La SPA est dans l'esprit de tout le monde, un lieu qui recueille des animaux et où on peut les adopter.Toutefois il faut distinguer La SPA qui n'a qu'une soixantaine de refuges en gestion propre, des SPA adhérant à la Confédération Nationale Défense de l'animal, qui regroupe plus de 360 refuges indépendants. Le refuge du CAPPA est aussi SPA Pays du Neubourg.Notre refuge a été créé il y a 16 ans, en 2002, avec très peu de moyens, sur nos fonds propres, par mon mari et moi. Compte tenu de l'absence de structures communales ou intercommunales dans notre secteur, le CAPPA est devenu une association de protection animale très sollicitée et dont le fonctionnement repose sur le bénévolat.Qui sont les bénévoles de l'association ?
Les bénévoles sont une petite dizaine. Certaines régulières, et d'autres plus occasionnellement. Ce sont toutes des femmes. Les hommes sont rares, dans la protection animale…Les tâches au refuge et les activités de l'association sont nombreuses. Les bénévoles se répartissent le travail en fonction de leur disponibilité et de leurs souhaits ou compétences.Comment se passe une journée dans votre association ?
Le bien être des chats passant avant tout, les journées commencent et finissent par les soins, la distribution de nourriture, l'entretien et hygiène des locaux, lavage des corbeilles et couvertures etc.Au quotidien s'ajoute les visites vétérinaires, le ravitaillement en nourriture et sacs de litière.Certaines bénévoles vont aller faire du trappage sur le terrain, lorsqu'on est appelées sur des sites où il y a des chats errants à stériliser et identifier. C'est une activité très difficile qui demande beaucoup de patience et de temps.Il y a aussi la partie administrative très lourde et la comptabilité (plus le bilan moral et le bilan financier annuels).Il faut gérer les nombreux appels téléphoniques qui commencent très souvent par « J'ai un problème… ». Selon le motif de l'appel (demandes d'abandon, problèmes de comportement d'un animal, demandes d'aides financières ou de nourriture) on est amené à chercher des solutions, à donner des conseils. Les propriétaires d'animaux envisagent trop vite l'abandon comme solution à un problème…Il y a aussi des signalements de maltraitance qu'il faut vérifier et gérer.C'est beaucoup de travail bénévole. Souvent je me couche à 2 ou 3h du matin pour gérer les annonces à passer, les articles dans les journaux, le site du refuge, la page Facebook, etc.Comment nourrissez-vous vos chats ?
Nous faisons notamment des collectes dans les grandes surfaces qui acceptent de nous recevoir.Nous avons créé une petite boutique en ligne qui propose des créations de bénévoles, cela nous fait de petites rentrées d'argent indispensables pour faire face à toutes les dépenses.Heureusement, les frais du local sont supportés par mon mari et moi-même : électricité, chauffage, eau, assurances, impôts.La fondation 30 Millions d'amis nous aide chaque année en nous attribuant des niches, de la nourriture, ainsi que la Confédération nationale Défense de l'animal, qui nous a aidé à prendre en charge le sauvetage d'une chienne et ses dix chiots, car il s'agissait de frais imprévus.Beaucoup de nos chats sont âgés et/ou ont des pathologies telles que des problèmes dentaires, rénaux, de thyroïde, etc. qui nécessitent une nourriture adaptée et spécialisée.Et le don LoveFood ?
Le don de nourriture LoveFood a été le bienvenu. Il nous en reste encore un peu. Il y avait des sacs de croquettes et de la pâtée très appréciée par nos petits protégés.Nous mettons un point d'honneur à leur donner de la bonne nourriture.Votre refuge accueille des chats, mais vous avez aussi parlé du sauvetage d'une chienne et ses chiots…
Oui, cet été nous avons recueilli une chienne et ses 10 chiots abandonnés sur le terrain d'une entreprise dans une commune voisine… Nous avons hébergé la chienne et ses petits en famille d'accueil. Nous avons laissé les chiots avec leur mère jusqu'à trois mois, pour leur laisser le temps de faire le sevrage affectif ; la mère doit leur apprendre les codes canins afin d'en faire des chiens équilibrés... Puis nous les avons fait adopter après avoir fait une sélection des adoptants et des visites pré-adoption.Comme toujours, ensuite, il y a un suivi, on garde contact avec les adoptants.Comment se passe la relation avec les pouvoirs publics ?
On est en milieu rural, et les maires ruraux, souvent, ne veulent pas s'occuper des animaux errants, rejettent aux associations une responsabilité qui est pourtant la leur, et ne les aident même pas financièrement. Avant, on percevait tout de même 1000 de subvention du Conseil départemental de l'Eure, ce n'était vraiment pas beaucoup, mais mieux que rien. Mais cette subvention a été retirée par le nouveau conseiller.Il y a de plus en plus d'animaux, et de moins en moins de moyens, c'est démoralisant. La prolifération des chats n'est pas gérée. La misère de ces félins de la rue, n'est pas une fatalité c'est un drame.La tâche est immense et chaque jour plus importante que la veille, et épuisante surtout quand on a en face de soi des élus laxistes et indifférents.Avez-vous un message qui vous tient à cœur, que vous aimeriez partager avec les lecteurs de notre blog ?
Nous voulons que les lois en faveur de la protection des animaux soient applicables et appliquées. Les associations n'ont pas le pouvoir de les faire appliquer. Depuis 2012 la protection des animaux est entrée en politique, les français se préoccupent désormais du bien être animal.Et les lois qui ont le mérite d'exister doivent être applicables : par exemple, l'identification est obligatoire, mais comment obliger les propriétaires d'animaux à les faire identifier ?On aimerait également que les sites d'annonces en ligne cessent de publier des annonces illégales car non vérifiées concernant les chatons et les chiots…Et enfin, même si on a du mal, avec nos petits moyens, on peut faire un petit geste pour les autres. Pour aider les associations de protection animale de l'Aude, sinistrées par les inondations ce mois-ci, nous avons organisé une vente aux enchères et envoyés du matériel.Je me suis imaginée vivre une telle situation dramatique si c'était arrivé chez nous et que les animaux subissent les inondations. En dépit de l'ampleur du travail à accomplir, de l'indifférence des pouvoirs publics, et d'évènements parfois décourageants, Martine reste une personne très dynamique et positive. Si vous souhaitez aider Martine et l'ensemble des bénévoles du Refuge du CAPPA – Pays du Neubourg, vous pouvez vous rapprocher de l'association en consultant son site web ou en suivant son Facebook. Vous pourrez faire un don, adhérer, parrainez un chat, ou même adopter, à condition d'habiter dans les départements 27, 76 et limitrophes. Voire, si vous habitez en Pays du Neubourg, devenir bénévole !L'action LoveFood, avec AdoptMe et RespectMe, est l'une des trois actions de notre projet A Companion Animal is For Life, un projet qui vise à en finir avec l'abandon, les problèmes liés aux chats et chiens errants, et à transformer les refuges en lieux d'asile provisoires. Pour en savoir plus, cliquez-ici.