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Envie d'adopter un chat ? Ce que vous devez savoir

Envie d'adopter un chat ? Ce que vous devez savoir

di Sonia Campa

Le sujet lié à l'adoption d’un chat révèle de multiples facettes qui mériteraient une analyse digne de ce nom et qui est si vaste que lorsque j'essaie de l'affronter, ce dernier me glisse entre les doigts comme une anguille. De ce fait, avant même de rentrer dans des questions d'ordre pratique, je pense qu'il serait utile de s'arrêter un instant afin de réfléchir aux raisons pour lesquelles nous avons décidé d'adopter un chat et si nous sommes conscients du type de responsabilité que cela implique.

 

Pourquoi vouloir adopter un chat ?

Cette question peut sembler banale au premier abord, mais il est essentiel de se la poser. Il est en effet indispensable de faire le point sur ce qui nous pousse à vouloir le faire, de façon à comprendre si les attentes que nous cultivons plus ou moins consciemment sont réalistes ou non. Et si c'est le cas, alors cela nous permettra de mieux nous orienter dans les implications pratiques de ce choix.

Nous pouvons vouloir adopter un chat car nous désirons faire un geste noble et "aider" une créature qui vit dans une chatterie depuis des années. Ou alors notre intention sera de profiter du plaisir que nous procure la présence d’un chat. Nous pouvons aussi vouloir en adopter un car les chats sont depuis toujours nos animaux préférés. Chacun de nous a ses raisons, parfois nous en avons plus d'une, mais il ne faut en aucun cas oublier que ces "raisons" ne coïncident pas nécessairement avec les besoins du chat et que nous sommes responsables de son bien-être à partir du moment même où il entre chez nous.

 

Le chat requiert-il moins d’attention que le chien ?

Il y eut un temps où l’on disait - et beaucoup le disent encore aujourd’hui - qu'un chat requiert moins d’attention qu'un chien. Il s'agit d'un héritage culturel qui pouvait être valable lorsque les chats menaient une vie essentiellement en plein air : ils n'entraient dans la maison que pour se reposer et manger et, pour tout le reste, étant les propriétaires exclusifs de leur temps, de leur espace et de leurs journées, ils étaient capables de s'autodéterminer et de suivre un style de vie conforme à leurs besoins innés. En d'autres termes, ils vivaient "comme des chats". La survie a peut-être été plus difficile, mais c'était à leurs conditions. En Occident, la plupart des chats domestiques vivent en contact avec des familles qui mettent en place différents niveaux et types de restrictions de leur autonomie.

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La condition actuelle du chat

En conséquence, la vie que mènent les chats aujourd'hui se caractérise par un degré plus élevé de dépendance à l'égard des personnes. Je ne dis pas que les chats sont dépendants de l'homme du fait quils ne sont pas capables de s'occuper d'eux-mêmes. Je dis seulement que les modes de vie que nous leur imposons ne leur laissent plus l'espace d'autodétermination dont ils jouissaient autrefois (et par rapport auquel ils ont évolué), et que ces nouvelles contraintes les éloignent de la possibilité de s'autoréguler, les rendant de fait dépendants de nous.

Si nous pensons aux chats d'intérieur, il est clair que c’est nous qui déciderons si, où, quoi et combien ils mangeront, où et quand ils dormiront, où ils laisseront leurs excréments et leur urine, avec qui ils devront partager le seul territoire qu'ils connaissent et peuvent occuper, y compris leurs ressources, mais aussi combien d’attention ils auront de notre part, si, quand et combien ils seront stimulés mentalement et de quelle manière. 

Les chats qui ont aujourd'hui la possibilité de circuler sont également conditionnés par nos choix : nous vivons dans des villes et des villages de plus en plus encombrés de personnes et d'autres chats qui obligent les nôtres à réduire leurs explorations et à rester dans les environs de la maison, quand ce n'est pas nous qui les laissons sortir uniquement dans un rayon limité à l'intérieur duquel nous exerçons un contrôle direct.

Nous avons retiré aux chats leur espace vital et leur pouvoir de décision sur leur vie, et c'est ce qui les rend, malgré eux, assujettis à nos choix.

 

Une nouvelle responsabilité

Par conséquent, le bien-être d'un chat que l’on adopterait du seul fait qu'il requiert "moins d’attention" risque d’être sérieusement mis à mal. Prendre soin du bien-être d'un chat ne signifie pas seulement lui fournir une litière propre et bien positionnée, de la nourriture de bonne qualité, de l'eau et quelques jouets éparpillés dans la maison. S'occuper d'un chat domestique aujourd'hui, surtout si l'on envisage de le garder exclusivement à l'intérieur de notre maison, c'est assumer les inévitables carences que les restrictions imposées entraîneront, c'est-à-dire toute la stimulation physique et mentale indispensable à l'équilibre psycho-physique du chat. Les conséquences sont très lourdes : les chats négligés, mal soignés ou considérés comme "acquis" dans leur quotidien risquent de tomber malades. Ils peuvent développer de graves changements de comportement, allant de la dépression à un comportement agressif (même envers les personnes présentes dans la maison), sans parler de l'obésité et d'une série de problèmes organiques liés à l'anxiété et au stress.

 

Chaton ou adulte ?

C'est l'une des premières questions à se poser. Le chaton est gentil et donne le sentiment, selon un autre cliché, que l'on peut "l'élever comme on veut". Cependant, les chatons ont besoin d'une attention plus soutenue, ils requièrent une attention constante, ils doivent être éduqués à interagir de manière appropriée (et cela dépendra beaucoup de la manière dont NOUS saurons interagir avec eux) et leur développement comportemental peut être compromis ou altéré s'ils sont seuls pendant trop d'heures par jour. En revanche, les chats adultes ont un caractère plus stable, s'adaptent facilement - sauf s'ils ont une mauvaise expérience - et ont tendance à être moins dynamiques. Mais ils sont plus réticents que les chatons à nouer des liens avec d'autres chats.

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De race ou métis ?

Il n'y a pas de réponse toute prête à cette question car cela dépend de la motivation que chacun de nous a quand on adopte un chat. Dans tous les cas, il est crucial d'éviter de financer les trafics clandestins de chatons de l'Est, mais aussi ceux liés à des activités hors-la-loi. 

Il est important de bien choisir la race : certaines sont basées sur la sélection de caractères morphologiques dysfonctionnels (Munchkin, Manx, Scottish Fold, toutes les races brachycéphales, c'est-à-dire avec un "museau court", pour n'en citer que quelques-unes) qui causent d'innombrables problèmes physiques et comportementaux ; même de nombreuses races définies comme "naturelles" (qui sont quoi qu’il en soit le produit d'un processus de sélection artificielle) ont subi des changements si radicaux que les problèmes génétiques ne sont pas rares. A l'heure actuelle, le seul moyen de contraindre les éleveurs à modifier les orientations sélectives les plus abusives est de leur faire comprendre que les extrêmes ne sont ni tolérés ni recherchés.

En revanche, si vous envisagez d'acheter un chat dans une chatterie ou une association, essayez de vous tourner vers des organisations qui travaillent de manière honnête et transparente, tant sur le plan juridique qu'économique. Essayez d'obtenir le plus d'informations possible sur l'organisation, mais aussi sur l'origine du chat, ses expériences passées et son tempérament. Il va sans dire que les adoptions sur internet ne sont pas recommandées : il faut apprendre à connaître un chat avant de décider de l'adopter, afin d'évaluer son état général, son caractère et son degré de sociabilité envers les autres.

Si vous avez besoin de suggestions et de conseils pour vous guider au cours du processus de pré-adoption, sachez qu'il existe aujourd'hui des professionnels dûment formés (des vétérinaires comportementalistes aux différents consultants en comportement) qui peuvent vous guider, sans vous juger et en tenant compte de votre situation de vie et familiale spécifique, pour faire les bonnes évaluations et prendre les décisions les plus appropriées.

Un seul chat ou plusieurs ?

Une autre question épineuse concerne l'introduction d'un nouveau chat ou chaton dans un environnement où il y a déjà d'autres chats résidents. Aujourd'hui, un discours largement répandu tend à minimiser la difficulté qu'ont les chats à se tolérer mutuellement et à vivre ensemble sans conflit, surtout à l'âge adulte. Et certains n'y parviennent pas du tout : il n'y a aucune garantie qu'un nouveau chat sera accepté par les autres ou que le nouveau chat aimera avoir d'autres personnes autour de lui. Cela peut conduire à des années de tensions et de disputes stressantes, voire à une incompatibilité totale. 

La seule façon de maximiser les chances de voir deux chats vivre ensemble dans une atmosphère vraiment harmonieuse est qu'ils soient frères et sœurs et qu'ils soient adoptés ensemble dès le départ. Adopter deux chats en même temps peut sembler être un pari difficile au départ, mais cela offre plus de garanties qu'une adoption en deux étapes qui peut aboutir à un équilibre précaire ou impossible.

 

Quels sont leurs besoins ?

Une fois que nous avons clarifié nos intentions d’adoption et répondu aux questions précédentes, demandons-nous alors comment prévoir ce dont notre chat aura besoin ? 

Mon conseil est, tout d'abord, de prendre conscience des besoins de l'espèce, c'est-à-dire des besoins qu’ont en commun tous les chats simplement parce qu'ils sont... des chats ! La connaissance de ces besoins nous permettra ensuite de faire des prédictions plus fiables sur les besoins de l'individu.

  • le chat est un prédateur et a une mentalité de prédateur, c'est-à-dire qu'il a besoin de poursuivre, d'attraper, de mordre et si nous ne lui offrons pas les stimuli appropriés, nous (ou nos mains, pieds, objets...) deviendrez sa proie. Jouer beaucoup et de la bonne manière deviendra alors une nécessité.
  • Le chat est un animal sédentaire qui est à l'aise dans son territoire habituel et n'aime pas le quitter. Les voyages ne sont pas son fort et ne sont pas ce qu'il préfère faire, bien qu'il soit possible de l'habituer à voyager et à s'adapter à de nouveaux endroits dès son plus jeune âge.
  • Le chat est un explorateur infatigable et son bien-être physique et mental est directement proportionnel à la complexité de son environnement : plus celui-ci est articulé, riche et varié, plus il est satisfaisant et plus il s'approche de ce que l'on pourrait appeler le "bonheur".
  • Le chat vit dans un espace en trois dimensions et c'est un besoin irrépressible : si l'idée qu'il puisse grimper sur la table, sur le lit ou sur un meuble nous rebute, il serait bon de réévaluer nos attentes car non seulement nous ne pourrons pas "corriger" cette attitude, mais les tentatives que nous ferions seraient destinées à miner la relation et la sérénité de tous.
  • C'est le chat qui décide si et quand interagir : ce n'est pas du snobisme, c'est sa "façon de se comporter" naturelle dans les relations sociales, qui est différente de celle du chien et des humains. Pour la même raison, le chat n'aime pas les impositions physiques et encore moins être mis de force dans des situations qui l'effraient ou le mettent mal à l'aise. Le chat ne transige pas sur ce point : il exige que son point de vue soit respecté.
  • Plus l'environnement est stable et immuable (comme un appartement), plus la qualité de vie d'un chat dépend de la qualité de sa relation avec sa famille, qui doit être émotionnellement sensible, socialement présente et disponible sur le plan interactif. Cela implique que si notre style de vie nous éloigne de notre domicile 10 à 12 heures par jour, le chat n'est peut-être pas l'animal le plus approprié pour occuper notre appartement désert.

 

Toute personne qui adopte un chat devra tôt ou tard faire face à au moins tous ces besoins.

De fait, je voudrais insister sur ce que je disais précédemment : il est important de connaître la nature du chat car les carences dans la satisfaction des besoins, surtout des besoins fondamentaux, entraînent des maladies. Un animal stressé, anxieux ou perpétuellement frustré ne peut que montrer le poids de sa souffrance dans son corps ou son esprit, voire les deux.

 

Vers une nouvelle prise de conscience

Sommes-nous encore convaincus que le chat requiert "moins d’attention que le chien" ? Peut-être que plus simplement, nous n’avons pas encore suffisamment réfléchi à la possibilité de leur offrir une qualité de vie adaptée à leurs besoins dans les conditions que la société humaine impose actuellement.

Les chats ont besoin de bien plus qu'une litière propre, un toit au-dessus de leur tête, une gamelle pleine et quelques jouets éparpillés dans la maison. Les vies que nous menons ne nous permettent pas toujours de fournir ce dont les chats ont besoin. Il est important d'apprendre à prendre du recul si les conditions ne sont pas réunies pour consacrer l'espace, le temps et les efforts nécessaires à cet animal autonome, mais de moins en moins libre de s'autodéterminer. Après tout, avoir un chat n'est pas un droit inaliénable ; au contraire, cela devrait être de plus en plus un choix réfléchi et responsable.

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